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Fes

Un peu d'histoire...

Considèrèe avec raison comme la capitale culturelle du Maroc, Fès, située au pied du Moyen Atlas, est la quatrième ville du pays avec ses 1,4 millions d'habitants. cf carte du Maroc
Fondée en l'an 789 sur la rive droite de l'oued Fès par Idriss Ier, un descendant du Prophète, elle est la plus ancienne des villes impériales du pays. Son fondateur, en plus des autochtones, accueillit des réfugiés arabes chassés de la lointaine Cordoue suite à une insurrection, formant ainsi le quartier dit des Andalous. Son fils Idriss II décide d'élargir la ville sur la rive gauche plus riche en eau et il en fait sa capitale. Très tôt, il accueille des familles juives ou venant de Tunisie, ces derniers s'installant à l'ouest de l'oued dans le quartier dit des Kairouanais. Fès est alors constituée de deux cités de chaque coté de la rivière, chacune avec ses murailles.
Ce creuset civilisationnel permet à la cité de devenir en quelques décennies le centre économique, intellectuel et religieux du pays, chaque communauté apportant avec elle ses connaissances techniques, scientifiques et artistiques. Sa situation dans la plaine fertile du Saiss, au carrefour des grandes routes caravanières, contribue également à son rapide développement.
Le souverain Almoravide Youssef Ben Tachfine, fondateur de Marrakech, s’empare de la ville en 1069 mais sans en faire sa capitale. Il fait abattre les murailles et unit les deux villes en une seule avec deux ponts pour les relier. Fès perd son statut de ville impériale mais continue de connaitre une période florissante.
Au milieu du XIIe siècle, le sultan Almohade Abd el-Moumem entre dans la ville. A cette époque, la réputation de Fès dépassait largement les frontières du pays, ses habitants faisant du commerce avec l’Espagne, l’Afrique sub-saharienne et le Moyen Orient.
Fès connut son apogée au début du XIVe siècle après que la dynastie affaiblie des Almohades eut été chassée par celle des Mérinides qui en font leur capitale.
A cette époque, une nouvelle ville, Fès el Jedid, est créee sur les hauteurs afin de loger le Calife, sa cour et son armée, et la cité redevient une agglomération double, d’un côté la médina des citadins, de l’autre, la cité administrative et militaire. C’est l’âge d’or des médersas, les écoles coraniques qui accueillent des érudits et des étudiants de tout le monde islamique, en particulier à l’université Al-Qarawiyin, la première du monde arabe construite dès le IXe siècle, bien avant celle d’Oxford ou de la Sorbonne, grace à Fatima Al-Fihria, sa riche donatrice kairouanaise.
Alors que l’Europe sombrait dans l’obscurantisme de l’Inquisition, à Fès se cotoyaient des léttrés musulmans, des médecins juifs et des humanistes chrétiens, chercheurs sans frontières approfondissant leurs connaissances en géographie, chimie ou mathématiques, étudiant la littérature universelle et les arts et faisant preuve d’une grande tolérance et d’une profonde ouverture d’esprit, participant ainsi au développement d’une vie citadine très raffinée.
Le XVe siècle voit l’avènement d’un commerce mondial florissant atteignant l’Extrème Orient, l’Afrique de l’Est et l’Europe du Nord et Fés est désormais une plaque tournante au Maghreb.
Au XVIe siècle, alors que les rois saadiens règnent à Marrakech, Fès tombe entre leurs mains en 1549 et perd son rang de capitale.
Au XVIIe siècle, alors que l’Europe connait son âge d’or culturel, Fès doit faire face aux épidémies, guerres et disettes et décline jusqu’à l’avènement de la dynastie alaouite en 1666 dont le premier sultan Moulay Rachid décide la reconstruction de la ville. Son successeur, le grand Moulay Ismail (1646-1727), choisit Meknès comme nouvelle capitale. Fès s’affaiblit et sombre à nouveau dans le déclin.
La ville retrouvera son prestige et son rang de capitale sous le règne de Moulay Mohammed ben Abdellah au XVIIIe siècle et malgré l’essor constant de Casablanca, elle parvient à maintenir son influence.
En 1911, les troupes françaises sont appelées à la rescousse par le sultan pour mater une révolte et un an plus tard, elles imposent le Protectorat sur le Maroc. La Ville Nouvelle est alors créee, avec ses larges avenues et ses quartiers résidentiels mais malgré cela, Fès parvient à concilier le modernisme et son caractère millénaire. Elle perd alors définitivement son rang de capitale administrative et économique au profit de Rabat et de Casablanca mais sans renoncer à son statut de capitale spirituelle du pays.



La médina

Elle est la plus grande et la plus ancienne du Maroc et elle donne une idée parfaite de ce que pouvait être une ville orientale au Moyen-Age. Dès que vous y entrerez par une des nombreuses portes dont les plus monumentales sont Bab Boujloud, Bab Ftouh, Bab Mahrouk ou Bab Guissa, vous allez vous fondre au milieu d’une foule animée et joyeuse, oú chacun vaque à ses occupations. Ici pas de véhicule à moteur, tout est transporté dans des charrettes ou à dos d’âne ou de mulet. Il vous faudra un sérieux sens de l’orientation pour ne pas vous perdre dans cet entrelac de rues et de venelles en gradins, certaines se terminant en cul de sac. Surtout que les noms des derbs sont rarement affichés, parfois ils sont même multiples ! Mais dans le doute, vous pouvez toujours demander votre chemin, la gentillesse des habitants faisant le reste, ou bien vous optez systématiquement pour le sens de la descente, vous arriverez alors au bas de la médina près la porte Bab Ftouh.
Mais aussi quel délice de suivre seulement son inspiration, découvrant au hasard de votre promenade la porte de bronze ciselé d' une médersa ou le fin minaret d' une mosquée. La ville foisonne aussi de magnifiques fontaines et d' anciens fondouqs qui étaient des auberges accueillant jadis les caravaniers, abritant à présent des ateliers d' artisans ou des échoppes de boutiquiers. Certains de ces fondouqs ont une grande valeur artistique, notamment celui de El-Nejjarine, le fondouq des menuisiers, flanquè d' une magnifique fontaine en zelliges polychromes.
Comme les cités au Moyen-Age, la ville est partagée en quartiers d' activités: les souks des dinandiers sur la place Seffarine, celui des teinturiers et des tanneurs dans le quartier Debbaghine, celui des potiers, des bouchers, le souk des épices à El Attarine et celui des menuisiers sur la place Nejjarine.
Grace à sa valeur universelle exceptionnelle, la médina de Fès a été inscrite par l' Unesco à la Liste du Patrimoine mondial de l' Humanité dès 1981.



Les sites de la médina

La porte monumentale Bab Boujloud est considérée comme l' entrée principale de la médina. Sa construction est récente puisqu'elle date de 1913 sous le Protectorat. Recouverte de zelliges ciselés, bleus d' un côté et verts de l' autre, elle donne sur la place du même nom d' oú partent les deux voies principales, les Talâa Kebira et Seghira. A 150m, la médersa Bou Inania, construite autour de 1350 par le sultan mérinide Abou Inan, est la plus spectaculaire des écoles coraniques et elle est la seule ouverte aux non-musulmans. Elle offre de beaux motifs de l' architecture de cette époque, en particulier de magnifiques boiseries sculptées et des décors en bronze. Elle possède en sa façade une horloge à eau au mécanisme unique et très complexe.
La médersa Al Qarawiyin, en même temps lieu de culte et université, a été fondée en 859 par Fatima Al-Fihria et elle est le véritable emblème de Fès, reconnaissable de loin à ses toits de tuiles vertes mais inaccessible aux non-musulmans. Elle est aussi la plus ancienne mosquée du pays et elle possède une bibliothèque de plus de 30000 ouvrages.
La Mosquée des Andalous, située dans le quartier du même nom et deuxième en importance après la Qarawiyin, a été fondée par Meryem Al-Fihria, la soeur de Fatima. On l' atteint en franchissant un des ponts sur l' oued séparant les deux quartiers.
La médersa Al-Attarine (1323), plus petite, est particulièrement décorée de stucs, boiseries et zelliges. La Zaouia de Moulay Idriss II, fils du fondateur mais considéré comme le saint patron de la cité, attirent de nombreux pélerins qui viennent lui rendre hommage.
La mosquée de Si Ahmed Tijani abrite le tombeau de cet autre saint très vénéré de Fès, fondateur d' une confrérie originaire d' Afrique de l' Ouest dont les adeptes affluent chaque année en provenance du Mali, du Niger ou du Sénégal.



L' artisanat

Fès est sans aucun doute la capitale du savoir faire au Maroc avec ses très nombreux artisans principalement regroupés autour de la Qarawiyin, véritable noyau de la ville ancienne .
A Debbaghine, les tanneurs, établis dès le Moyen Age, offrent le spectacle le plus insolite, leur travail consistant à traiter les peaux en les foulant du pied dans des cuves circulaires en terre ou recouvertes de faiences et pleines de liquide coloré et nauséabond.
La place Seffarine est le centre du souk des dinandiers, résonnant des coups de marteaux rythmés façonnant le cuivre,le laiton ou le bronze des chaudrons.
Le souk Attarine étale ses sacs d' épices et le souk Ain Allou offre ses articles de maroquinerie, sacs en cuir et babouches. D' ailleurs c'est à Fès que sont fabriquées la plupart des babouches du pays, que ce soit la production de masse destinée aux souks des grandes villes ou celles de très haute qualité prisées par une clientèle plus exigente. Aussi dans le domaine du tissage et du travail du bois, Fès recèle des ateliers de qualité exceptionnelle.



La cuisine

Fès est incontestablement un haut-lieu de la cuisine marocaine. D'un goût raffiné et riche en saveurs, profitant de l' apport des cultures et des civilisations arabo-andalouse, berbère, juive, chrétienne et musulmane, la cuisine fassie est parmi les plus variées et les plus prisées au monde, car ses recettes et ses méthodes, d’origine très ancienne, ont fait l’objet d’une recherche permanente. C’est pour cette raison que Fès compte un bon nombre de grandes tables, parmi les meilleures du Maroc.



La musique

Fès est célèbre pour son Festival des Musiques Sacrées du Monde crée en 1994 et qui a lieu chaque année au début de Juin. Il offre des soirées artistiques de grande qualité et des spectacles plus populaires.
En 2005, le sitariste Ravi Shankar figurait parmi les nombreux et talentueux artistes tandis qu'en 2006 Salif Keita du Mali, Saber Rebai de Tunisie et Abida Parveen du Pakistan ont enchanté les festivaliers. L' édition 2007 a vu la prestation de la diva Barbara Hendricks,le concert du chanteur sud-africain Johnny Clegg et la démonstration équestre du maître écuyer Bartabas accompagné de musiciens soufis.
Plus récemment en 2014, l'Andalousie a été à l'honneur avec la voix d'Amina Alaoui et le flamenco d' Andres Marin, avec la présence de Carmen Linares et Paco de Lucia.
Depuis 2015, le festival a exceptionnellement lieu en Mai à cause du mois de Ramadan.
Parallèlement au festival, d' autres manifestations artistiques (expositions de peinture et de photographie), ont vu le jour, donnant à Fès un air de fête pendant cette semaine culturelle.
L'autre grand évènement à Fès est le Festival de la Culture Soufie au mois d'Avril qui offre non seulement des manifestations musicales mais aussi artistiques (peinture, calligraphie, poésie) organisées par des confréries venant de divers pays et cultures dont le but est de véhiculer l'esprit d'humanité et de spiritualité propre à cette philosophie.



La région de Fès

Fès, carrefour des routes principales du pays, occupe une position stratégique au coeur d' une région présentant une très grande richesse patrimoniale mais aussi naturelle. l' arrière-pays abrite des hauts lieux de culture et des villages offrant un grand intérêt. Citons en particulier le site romain de Volubilis, le plus important du Maroc, ancienne capitale du royaume de Mauritanie. On trouve là de magnifiques fresques et mosaiques, des thermes, des restes de maisons patriciennes et un forum dont l' entrée est dominée par un arc de triomphe érigé en l'honneur de l'empereur Caracalla.
Non loin de là, Moulay-Idriss, la cité aux toits verts, abritant le tombeau d’Idriss Ier, fondateur de Fès, qui apporta l' islam au coeur du Maroc.
Sefrou, haut lieu de la culture judaïque, l' une des plus importante au Maroc, est une station climatique située à 28 km au sud-est de Fès et à 850m d' altitude, dans un cadre verdoyant de forêts et de lacs. Elle est entourée d' une enceinte qui abrite une Grande Mosquée, l' ancien mellah (quartier juif) et plusieurs zaouias et fondouqs. Sefrou est connue aussi pour ses succulentes cerises et la fête qui leur est consacrée chaque année au début du mois de Juin est célèbre dans tout le Royaume.
Immouzer, station d' estivage en montagne (1350m) à 36 km de Fès sur la route d' Ifrane, est le cadre idéal pour randonnées pédestres et promenades. Sa source de Ain Soltane produit une eau de grande qualité et mise en bouteille.
Ifrane, située à 1650 m d' altitude et à 60 km de Fès, au coeur d' une très belle forêt de cèdres et de chênes centenaires, est aussi bien une station d' hiver que d' été, avec ses maisons aux toîts à deux pentes recouverts de tuiles rouges, rappelant celles d' Europe. Elle offre un cadre idéal pour des randonnées pédestres, équestres, en VTT et à ski de fond aussi bien que pour la chasse et la pêche.
A 16 km d' Ifrane, le village d' Azrou niché à 1200m d' altitude, est connu pour ses tapis berbères que l' on peut trouver ici pour un bien meilleur prix qu'à Fès, le mieux étant de se rendre au souk (mardi) oú l' on peut acheter directement auprès des villageois. On y trouve aussi d' intéressantes sculptures sur bois représentant souvent des animaux.
Au sud d' Azrou, le village berbère d' Ain Leuh non loin duquel l' oued Oum Rbia, un des principaux fleuves du Maroc, prend sa source.
Pistes de ski à la station de Mischlifen et de Jbel Habri.



Activités à Fès et alentours

Premier centre thermal du Maroc, Moulay Yacoub à 20 km de Fès offre des installations modernes pour divers soins thérapeutiques (rhumatismes, maladies de la peau, asthme) ou pour une remise en forme générale.
A 15 km de Fès en direction d' Ifrane, le Golf Royal de 18 trous, un des plus beaux du Maroc, est situé au coeur d’une immense oliveraie aux pieds des montagnes de l’Atlas à 700 m d'altitude, offrant un parcours très technique dans des paysages vallonnés parsemés de six lacs. Il est ouvert toute l' année, mais fermé le lundi. C'est là que se déroule le prestigieux tournoi du Trophée Hassan II. On peut aussi y louer son matériel (caddies, clubs et voiture électrique).
Située à 27 km au Sud-Est de Fès, Sefrou est une petite ville berbère pittoresque au pied du Moyen Atlas qui a un intéressant marché le jeudi. Une importante communauté juive vivait ici jusqu'à la fin des années 1960 dans le quartier du mellah. Elle est connue pour son festival des cerises (à la fin du mois de juin).
A une quinzaine de kilomètres à l'est de Fès. Sidi Harazem est une petite station thermale et l'eau tiède de ses fontaines est réputée pour le traitement des calculs rénaux et des maladies hépatiques.